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Formation: l’Enseignement de l’hypnose en France
"L’hypnose permet de faire mieux, ce que l’on faisait déjà avant sans hypnose". Pr M.E Faymonville
Depuis 1996, la Confédération Francophone d’Hypnose et de Thérapies Brèves (CFHTB), effectue un important travail d’enseignement et de transmission avec les 35 instituts et associations adhérentes. (Statuts en annexe).
Elle est la structure historique de l’enseignement de l’hypnose en France et depuis sa création, elle considère la formation comme un enjeu majeur pour la qualité des soins et la prise en charge des patients.
Dans ce domaine, la CFHTB est activement engagée. Positionnée comme force de propositions, elle est également une ressource pour ses adhérents.
I - Les formations privées
Les formations en hypnose sont très demandées et constituent un marché attractif dans le créneau du bien-être. Nombreuses propositions, dénuées de toute validation scientifique et médicale, de durées très variables, parfois même en e-learning non présentiel... entretiennent la promesse de résultats quasi miraculeux....
Ces formations ouvertes à tous, non réservées aux seuls professionnels de santé, soulèvent des interrogations d’ordre éthique. Parfois labellisées «hypnose thérapeutique», elles jouent sur l’idée de soins par l’hypnose. S’il n’existe pas encore de texte légal interdisant la dispense de ces formations à des non-professionnels de santé, la pratique de l’hypnose à visée thérapeutique par des non-médecins a par contre déjà fait l’objet de condamnations (Cour d’appel, Toulouse, Chambre des appels correctionnels 3, 17 février 2009 n° 08/00429, 203/09 et n° 09-81.778 de la chambre criminelle du 09 mars 2010) pour exercice illégal de la médecine (article L.4161-1 du code de la santé publique).
Face à cela, la CFHTB propose une régulation et un contrôle des pratiques, et met en avant des formations de qualité, réservées aux seuls professionnels de santé.
I-1 Les Instituts de formation en hypnose…
La CFHTB regroupe des Instituts Milton Erickson et des associations de praticiens travaillant dans le champ de l’hypnose et des psychothérapies brèves.
Elle représente environ 3000 professionnels en France, Belgique, Luxembourg, Suisse, Québec... Elle réunit des associations qui répondent à de stricts critères d’éligibilité (exclusivement médecins, psychologues, dentistes et autres professionnels de santé, tous acceptant des critères éthiques rigoureux, dans le respect des patients).
I-2 L’harmonisation des formations
La CFHTB définit un cadre pour les formations délivrées par ses instituts adhérents. Les formations en Hypnose et Thérapies Brèves ne peuvent être dispensées qu’à des professionnels de santé, médecins, auxiliaires médicaux Diplômés d’État (Bac + 3) ou des psychologues. Les autres professionnels de santé ou assimilés doivent être « recommandés » par un réseau de soins, un hôpital et doivent ensuite exercer dans ce cadre strict.
Il est demandé à chaque stagiaire, avant de débuter une formation, de signer une charte éthique (en annexe). Le point 5 y précise : « Dans tous les cas, le passage à la pratique de l’hypnose restera conditionné à l’obtention d’une qualification complète dans le champ professionnel considéré. Pour les étudiants des professions paramédicales, la pratique de l’hypnose supposera la mise en place d’une structure de travail supervisé selon le champ d’application par un hypnopraticien médecin, psychiatre, psychologue, ou Docteur en chirurgie dentaire ayant au moins 5 ans d’ancienneté de pratique en hypnose médicale ».
Un mémoire et/ou un travail personnel de fin de formation est demandé aux professionnels formés. Il valide la formation.
I-3 Le Certificat d’Hypnose clinique et thérapeutique (CHCT)
Il s’inscrit dans cette même dynamique d’exigence et d’excellence. Il harmonise l’exigence des programmes et valide le niveau attendu des professionnels formés. Le CHCT demande 300 heures organisées en deux parties (120 h pour un programme commun de base et 180 h pour une spécialisation thérapeutique).
Le CHCT est un véritable accompagnement pédagogique qui tient compte non seulement des heures de formations habituelles dont la supervision, mais aussi la participation à des colloques, congrès, forums, la présentation d’une communication, la lecture de revues consacrées à l’hypnose, la rédaction d’un article, etc.
Le large éventail thématique des formations offert par la CFHTB autorise la spécialisation du stagiaire pour affiner son projet professionnel. Pour les stagiaires, c’est la possibilité de recevoir la formation d’autres intervenants dans d’autres lieux sans renoncer à leur association d’origine.
C’est une façon efficace d’amplifier ce à quoi nous participons : une humanisation de la médecine. L’hypnose est véritablement porteuse de cette réalité.
II - Des ressources pour l’enseignement ?
La CFHTB peut proposer à ses membres et en particulier aux formateurs : « animateur programme DPC », « formations de formateurs », « concepteur programme formation », « apprentissage vidéo montages », « promotion de travaux de recherche spécifiques »...
Une base de données bibliographiques, l’Hypnothèque, met aussi à disposition des formateurs et des stagiaires une riche collection de documents historiques, de travaux cliniques et de travaux de recherche.
Les nombreux échanges entre les membres de la Confédération, sur les valeurs, les publics éligibles aux formations, les programmes de formation et leur évaluation sont des moteurs de dynamisme et d’innovation. Ces échanges passionnés et passionnants contribuent à une remise en question et à un enrichissement permanents des programmes de formation conçus par les concepteurs et formateurs.
III - L’enseignement public universitaire
Au niveau universitaire, les parcours étudiants sont harmonisés selon le cursus LMD : Niveau Licence (1er cycle), Niveau Master (2 d cycle), Niveau Doctorat (3e cycle).
Actuellement en France l’enseignement de l’hypnose est proposé principalement en 2e et 3e cycle.
Ainsi pour les jeunes médecins en formation, un enseignement est de plus en plus souvent proposé en 2 d cycle dans les facultés de Médecine (Montpellier, Paris, Tours…) sous la forme d’enseignements optionnels d’environ 20 h.
Les étudiants sont de plus en plus nombreux à demander que ces enseignements fassent partie de l’enseignement obligatoire pour tous, ce qui tend, peu à peu, à se mettre en place. En 3e les étudiants accèdent à des formations en hypnose sous la forme de Diplômes Universitaires (DU), de Diplômes interuniversitaires (DIU) regroupant plusieurs universités et de Diplôme d’études supérieures universitaires (DESU).
Actuellement, on recense en France 1 DESU, 5 DIU et 16 DU. (cf. liste en annexe). Ces enseignements sont soumis à l’agrément du conseil d’Administration (CA) propre à chaque université après avis décisionnaire de la Commission Formation et Vie Universitaire (CFVU) qui veille au respect de critères d’éligibilités très précis.
Ainsi pour les métiers de la santé l’inscription à ces diplômes requiert : la détention d’un diplôme d’état (médecin, chirurgien-dentiste, infirmier(e), psychologue, orthophoniste, kinésithérapeute…), et parfois un certain nombre d’années d’exercice professionnel ou un niveau de troisième cycle pour les étudiants.
Bien souvent ces formations sont conçues et réalisées en partenariat avec les Instituts de formation de la CFHTB. Les résultats pédagogiques sont encourageants et incitent à poursuivre cette dynamique qui ouvre sur la recherche.
Au sein de la CFHTB, les formateurs, concepteurs et les animateurs sont toujours des professionnels de terrain, reconnus dans leur domaine de compétences. Ils s’engagent à faire évoluer leurs programmes au fur et à mesure des avancées scientifiques en actualisant et développant leurs connaissances par les moyens les plus adaptés. Il est recommandé aux professionnels qui utilisent l’hypnose de participer activement aux rencontres, conférences, forums, congrès scientifiques dans leurs spécialités. La pratique de supervision est aussi un outil précieux d’actualisation des connaissances.
En 2015, le rapport INSERM (Gueguen, C. Barry et All. INSERM U1178 ; Évaluation de l’efficacité de la pratique de l’hypnose, Paris, 2015) note « Certains organismes se positionnent de manière très claire pour que la pratique de l’hypnose à visée thérapeutique soit réservée à des professionnels de santé, suivant le positionnement de la Société européenne d’hypnose (ESH) et de la Société Internationale d’Hypnose (ISH).
Ces organismes réservent donc les formations exclusivement aux professionnels de santé.
C’est le cas des organismes membres de la CFHTB (Confédération Francophone d’Hypnose et de Thérapies Brèves) ».
IV - Éducation des jeunes générations de soignants
Comment les conserver dans les champs médicaux, psychothérapeutiques et de la santé ?
La démarche médicale nécessite une mise à jour des connaissances et de l’enseignement de la discipline. L’histoire de l’hypnose clinique remonte au XVIIIe siècle.
Cependant, les preuves neuroscientifiques du processus sont récentes. L’imagerie cérébrale fonctionnelle a permis d’identifier un processus hypnotique spécifique dans les années 1990 et 2000 (2) (4). La littérature actuelle retient les indications formelles de l’hypnose clinique dans le traitement de la douleur et de l’anxiété aiguës, et dans le traitement des troubles fonctionnels intestinaux (5). Les essais randomisés contrôlés évaluant l’hypnose clinique en psychiatrie sont rares (6).
IV- 1 Conserver l’hypnose dans le champ de la clinique
• Il est nécessaire de maîtriser avec rigueur les outils de son métier de base avant d’y ajouter l’hypnose clinique, au regard de la littérature scientifique internationale. Cela requiert de maintenir ses compétences techniques à jour.
• De plus, l’hypnose clinique est un complément aux soins, dans une perspective de prise en charge globale. L’hypnose clinique fait partie des soins relationnels et de la communication.
• Pour éviter les retards à la prise en charge, il est recommandé d’éviter de proposer l’hypnose clinique comme une thérapie en soi.
• Il est possible d’adapter les techniques hypnotiques à chaque patient dans son individualité.
• Pour une reconnaissance plus globale de l’efficacité clinique, il faut élaborer des protocoles de recherche en accord avec la méthodologie scientifique actuelle. Pour les processus complexes, englobant la relation, la philosophie, la sociologie, l’anthropologie, ou autres disciplines des sciences humaines, il est possible de travailler avec des méthodologies qualitatives. La méthodologie qualitative permet de générer de nouvelles hypothèses pour expliquer les phénomènes complexes (exemple : le soin psychique). Pour confirmer ou infirmer ces hypothèses, il faut élaborer des essais thérapeutiques randomisés contrôlés, avec une mesure objective et indépendante d’un critère de jugement issu des hypothèses préalablement identifiées.
• Certains patients sont angoissés par ce terme, par exemple du fait des représentations et du fantasme de contrôle de l’autre véhiculée par l’hypnose de foire ou de rue. L’effet placebo ou nocebo du mot hypnose est déjà évalué dans certaines études.
• Le financement de la recherche est un frein fréquent. De nouvelles solutions de financement doivent être explorées pour asseoir scientifiquement une pratique manifestement efficace et source d’économie de santé.
IV - 2 L’éducation de la nouvelle génération
Un des freins majeurs au développement de l’hypnose clinique est l’accès à la formation, notamment pour les jeunes professionnels de santé en formation.
Le développement professionnel des compétences en hypnose clinique prend du temps, et plus les professionnels de santé se formeront tôt, plus ils auront le temps de développer leur expertise et d’éventuels protocoles de recherches adaptés.
Plusieurs universités ont des diplômes universitaires d’hypnose clinique accessibles aux étudiants en médecine de troisième cycle. Plusieurs Facultés de médecine ont également créé des enseignements optionnels de plusieurs dizaines d’heures pour enseigner l’hypnose clinique. Ce développement doit être encouragé pour permettre une meilleure intégration de ces outils dans la formation initiale au savoir-être et aux compétences relationnelles.
En parallèle, les cursus d’enseignement des autres professions de la santé devraient également intégrer des initiations à l’hypnose clinique pour leurs étudiants.
Bibliographie
(1) Tosti G, « Le grand livre de l’hypnose », Eyrolles, 2015, ISBN-10 2 212 559 046
(2) Rainville P, Duncan GH, Price DD, Carrier B, Bushnell MC, « Pain Affect Encoded in Human Anterior Cingulate But Not Somatosensory Cortex », Science, 1997, Vol. 277, Issue 5328, pp. 968-971, DOI : 10.1126/science.277.5328.968
(3) McGeown WJ, Mazzoni G, Venneri A, Kirsch I, « Hypnotic induction decreases anterior default mode activity. », Consciousness and Cognition, Vol 18, Issue 4, 2009, Pp 848-855 DOI : 10.1016/j.concog.2009.09.001
(4) Jiang H, White MP, Greicius MD, Waelde LC, Spiegel D, « Brain Activity and Functional Connectivity Associated with Hypnosis. », 2017, Cerebral Cortex, Vol. 27, Issue 8, Pp 4083–4093, DOI : 10.1093/cercor/bhw220
(5) Gueguen J, Barry C, Hassler C, Falissard B, « Évaluation de l’efficacité de la pratique de l’hypnose », INSERM, 2015, URL : inserm.fr/sites/default/files/2017-11/Inserm_RapportThematique_EvaluationEfficaciteHypnose_2015.pdf
(6) Chiu L, Lee HW, Lam WK, « The effectiveness of hypnotherapy in the treatment of chinese psychiatric patients », International Journal of Clinical and Experimental Hypnosis, Vol 66, 2018 - Issue 3, pp 315-330, DOI : 10.1080/00207144.2018.1461472
LE LIVRE BLANC DES FORMATIONS EN HYPNOSE. VERSION 2020-2021
Dans "la jungle" des formations en hypnose, il est de plus en plus difficile de faire son choix lorsqu'on cherche une formation correcte. Entre les formations qui acceptent le tout-venant et celles qui sont réservées aux professionnels de santé, le site therapies-complementaires.com édite depuis 2014 son livre blanc afin que le professionnel puisse choisir...
https://therapies-complementaires.com/le-livre-blanc-des-formations-en-hypnose
Témoignage: Enseigner l'hypnose clinique et thérapeutique
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