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La place de l'hypnose dans le champ de la santé et l'intérêt pour le patient

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Chaque profession de santé, dans son domaine de compétence, peut recourir à la pratique de l’hypnose afin d’en améliorer les bénéfices pour les patients, les rendre acteurs et parties prenantes de leur guérison. Que ce soit en établissements de santé ou en libéral, anesthésistes, médecins généralistes ou spécialistes, psychologues, sages-femmes, kinésithérapeutes, infirmières se forment aujourd’hui et témoignent de la valeur ajoutée de l’hypnose médicale à leur profession.

Cependant, plusieurs ordres professionnels médicaux et paramédicaux n’autorisent pas à ce jour leurs membres à afficher leur pratique de l’hypnose, les professionnels de santé formés se voient alors dans l’obligation d’abandonner la pratique de l’hypnose ou leur titre.

Les preuves scientifiques reconnues de l’efficacité de l’hypnose nous permettent donc aujourd’hui de formuler des recommandations et de proposer une concertation avec les différents ordres afin de permettre à tous les professionnels de santé dans leurs domaines professionnels reconnus d’utiliser cette compétence en hypnose.

L’apprentissage de l’hypnose permet au soignant d’acquérir des techniques relationnelles de qualité qui ne sont souvent pas enseignées au cours de leurs études. Ces techniques de communication permettent d’optimiser le lien avec le patient, en dehors de toute utilisation d’hypnose à proprement parler et d’améliorer la relation patient soignant (4).

La connaissance de phénomènes hypnotiques spontanés, souvent présents chez des patients hospitalisés, permet de plus au soignant de les prendre en compte et d’agir en connaissance de cause en évitant les mauvaises formulations qui pourraient devenir de mauvaises suggestions.

Cette place essentielle de l’hypnose est illustrée dans ce Livre Blanc par des témoignages :

I - L’hypnose dans les établissements de santé

I-1 Regard d’un médecin anesthésiste

En 2015, une enquête de santé publique (1) révèle que 72 % de la population française entre 18 et 65 ans est favorable à l’introduction de médecines dites complémentaires.

C’est sans doute pour cette raison et parce que les scientifiques en ont prouvé l’efficacité dans le domaine de la prise en charge de la douleur, que depuis quelques années, l’hypnose connaît un développement sans précédent dans les blocs opératoires. Grâce à l’emploi de certaines techniques, un sujet induit chez un autre l’apparition de processus hypnotiques cérébraux particuliers, transe provoquée ou hypnose. De nombreuses études (2) montrent que notre cerveau fonctionne alors de manière spécifique avec des modifications reproductibles.

• Les techniques hypnotiques entraînent trois types de processus (3).

- Il existe tout d’abord des modifications des perceptions sensorielles traduites au niveau d’un réseau cérébral dit de la saillance, avec dans la plupart des cas une augmentation d’activité du cortex cingulaire antérieur ; celui-ci effectue une sorte de tri des informations qui parviennent de la périphérie vers le cerveau ; ces modifications fonctionnelles expliquent la capacité de l’hypnose à diminuer la perception de la douleur.

- Le deuxième type de processus concerne la modulation de l’activité du réseau nommé : « réseau mode par défaut » avec une modification voire une diminution relative de la perception ou de la conscience de soi dans son environnement, état très intéressant dans la gestion de l’anxiété générée par le contexte de soin.

- Enfin il existe constamment une diminution des fonctions exécutives (fonction de contrôle, d’esprit critique) qui se manifeste par une hypersuggestibilité, qui rend les suggestions faites par le soignant beaucoup plus efficaces ; c’est notamment le cas pour les suggestions d’analgésie et d’anxiolyse ainsi que le rapporte un article d’une prestigieuse revue d’anesthésie qui fait une large métanalyse sur le sujet (2).

• L’hypnose au bloc opératoire peut être utilisée de façon formelle, contractuelle en remplacement ou en complément d’une autre technique d’anesthésie comme c’est le cas pour réaliser des endoscopies digestives ou de la petite chirurgie de surface. Le patient sait qu’on utilise l’hypnose, c’est un choix de sa part. Les conditions de sécurité et de surveillance dans lesquelles il est opéré sont les mêmes que pour toute anesthésie. Une communication non verbale entre le patient et le soignant est établie au préalable de l’induction de l’hypnose (par exemple en cas de souci, le patient peut serrer la main du soignant). Cela permet de modifier le protocole en injectant des doses très restreintes de produits analgésiant voire exceptionnellement de modifier la technique et de revenir à une anesthésie générale.

- Plusieurs études objectivent une nette diminution des produits injectés par rapport à l’anesthésie générale ou à la sédation avec un confort plus important notamment grâce à la réduction de l’anxiété non seulement pendant et après le geste.

Sur le plan de la cognition : l’absence de perte de conscience diminue très probablement les troubles de la cognition postopératoires observés au décours des anesthésies générales, mais aucune étude à ce jour n’a apporté de preuve formelle de l’impact de l’anesthésie générale sur les fonctions cognitives (5).

Au niveau de la réhabilitation postopératoire, la sortie est plus précoce et l’indice de satisfaction statistiquement plus élevé qu’avec une anesthésie générale.

Enfin, beaucoup d’équipes ressentent un confort de travail supérieur autant sur le plan technique que sur le niveau de stress au travail. Quant au patient, il est devenu acteur de son soin.

Entre l’utilisation simple de techniques de communication issues de l’apprentissage de l’hypnose et la mise en place de séances d’hypnose formelle et contractuelle, il existe de nombreuses applications de l’hypnose dans un cadre moins formel et non contractuel. C’est ce qui est souvent décrit comme étant de l’hypnose conversationnelle, appellation souvent impropre puisque ces techniques n’impliquent pas forcément la participation orale du patient. Nous lui préférons de loin le terme d’hypnose informelle.

Ainsi des techniques d’hypnose vont venir aider le praticien lors d’actes simples comme :

- la pose d’une perfusion,

- la réalisation d’une anesthésie locorégionale,

- la pose d’une péridurale à la maternité,

- l’accompagnement de césariennes,

- la mise en oeuvre d’une anesthésie générale...

Il s’agit de focaliser le patient soit sur un élément extérieur comme par exemple un écran d’échographie ou interne comme la respiration tout en utilisant ce qui se présente. Cette approche utilisationnelle simplifie le soin et le rend plus confortable et agréable. Là encore, l’activation de processus hypnotiques permet de délivrer des suggestions qui se révèlent efficaces et facilitent le soin. Pour terminer, nous citerons deux contextes particuliers dans lesquels l’hypnose aide l’anesthésiste qui y est confronté :

- l’obstétrique tout d’abord où la femme qui va accoucher est très souvent en transe et l’utilisation de l’hypnose est très facile et très puissante (6).

- le cadre de la douleur chronique et notamment de la cancérologie où un grand nombre de techniques rend des services là où la médecine plus traditionnelle a parfois trouvé ses limites.

Bibliographie

(1) Enquête Viavoice pour l’Institut Curie (2015)

(2) KEKECS Z. et al. (2014) « The Effectiveness of Suggestive Techniques in Reducing Postoperative Side Effects: A Meta-Analysis of Randomized Controlled Trials », Anesth. Anal, 119 (6):1407-19.

(3) LANDRY M. et al. (2017), « Brain correlates of hypnosis: A systematic review and meta-analytic exploration.Neuroscience and Biobehavioral Reviews. », Neurosci Biobehav Rev, 81(Pt A): 75-98.

(4) DELAUNAY L. et al. (2006), « Difficultés rencontrées pour la mise en place de l’hypnose au bloc opératoire », Congrès Agora.

(5) MUSELLEC H. et al. (2012), « Hypnose en anesthésie : aspects techniques et application pratique dans un établissement. », Vigilance : 25.

(6) HALFON Y. (2008), Doul et Analg , 21:31-33.


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