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Introduction Espace Douleur Douceur. Revue Hypnose et Thérapies Brèves 75.

Dr Jean-Marc BENHAIEM & Pr Gérard OSTERMANN.
Les deux auteurs du premier article, le Dr Fabrice Lakdja et le Dr Gérard Ostermann, ainsi que tous les thérapeutes exerçant dans des centres de traitement de la douleur, sont régulièrement consultés par des patients souffrant de douleurs multiples et souvent chroniques. Forts de leur expérience, ils ont approfondi leur réflexion, aidés par des études cliniques qui ouvrent des perspectives thérapeutiques. Lorsqu’un problème semble réglé, mais que les douleurs persistent, il faut évoquer la possible existence d’un syndrome post-traumatique (PTSD). Les zones cor- porelles en cause sont reliées à un souvenir traumatique, une peur, une forte émotion, qui maintiennent la douleur et l’anticipa- tion anxieuse. La compréhension de l’origine des symptômes est une étape importante pré-hypnotique. Cet éclairage est à trans- mettre au patient afin de construire un partenariat positif. La transe hypnotique prendra appui sur cette connaissance partagée.
La thérapie de retraitement de la douleur tient son efficacité par l’état hypnotique qui peut effacer une perception négative (produite par l’amygdale) liée à une partie du corps dans sa correspondance dans le cortex. L’imagerie cérébrale montre que la transe hypnose permet un décloisonnement des aires cérébrales qui favorise des échanges et des changements de perception. Cette action, menée par les soignants, permet une modification des croyances, des gestes et de la rigidité dans laquelle les patients se sont enfermés. Un grand merci aux deux auteurs de nous avoir éclairés sur cette voie thérapeutique dont l’efficacité est désormais démontrée. https://www.medecines-complementaires-alternatives.fr/pathologies-et-traitements2/douleur/douleur/465-la-rem%C3%A9diation-antalgique-ou-la-th%C3%A9rapie-de-retraitement-de-la-douleur
L’article de Maryne Durieupeyroux démontre efficacement l’impact significatif de la douleur chez les patients atteints de cancer et préconise l’utilisation de l’hypnose comme thérapie complémentaire précieuse dans la gestion de la douleur. L’étude de cas de Pablo illustre avec force l’efficacité et les avantages potentiels de l’hypnose à cette fin. Le docu- ment souligne le pourcentage important de patients cancéreux souffrant de douleur, en particulier ceux atteints d’une maladie avancée. L’intensité de la douleur varie, affectant la vie quotidienne et le bien-être. L’article préconise d’enseigner aux patients des techniques d’autohypnose, leur permettant de gérer la douleur de manière autonome. Il souligne l’importance pour les professionnels formés, d’appliquer l’hypnose uniquement dans leur domaine d’expertise. Dans l’ensemble, le document est une étude de cas bien rédigée qui démontre les avantages potentiels de l’hypnose comme thérapie complémentaire dans la gestion de la douleur chez les patients atteints de cancer, soulignant notamment l’importance de soins personnalisés et centrés sur le patient. Il renforce l’idée que la gestion de la douleur ne concerne pas uniquement les symptômes physiques, mais nécessite également de prendre en compte le bien-être émotionnel et psycho- logique du patient. Maryne Durieupeyroux a obtenu le prix du poster au dernier Forum d’hypnose à Bordeaux.
https://www.medecines-douces.com/Douleur-en-Cancerologie-l-effet-analgesique-de-l-hypnose_a1729.html
Je me fais l’agréable devoir de présenter mon ami Charles Joussellin, médecin et philosophe français, spécialisé dans la prise en charge de la douleur et les soins palliatifs. Il a été chef du service de soins palliatifs au CHU Bichat-Claude Bernard à Paris et président de la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs. Après avoir suivi l’enseignement de la pratique de l’hypnose erick- sonienne dispensé par Jean Godin, Charles Joussellin a souhaité développer cette pratique aussi auprès des médecins généralistes. Dans cette démarche il a publié avec Jean Becchio en 1994 un ouvrage, Nouvelle hypnose : Initiation et pratique, puis avec deux autres médecins généralistes, François Raineri et Thierry Desmarchelier, fut créée l’Association Française d’Hypnose (afhyp.org). Avec cet objectif de diffuser la pratique de l’hypnose lors des soins, Charles Joussellin a animé tous les mois pendant quinze ans des conférences publiques et gratuites dans un café à Paris (L’Apostrophe, rue de la Grange-aux-Belles) : l’hypnocafé. Au-delà de l’utilisation de l’hypnose ericksonienne dans ces situations, Charles Joussellin s’est aussi tourné vers la philosophie pour mieux appréhender les phénomènes qui se développent et se montrent lors de ces difficiles rencontres à visée théra- peutique. S’appuyant particulièrement sur la phénoménologie fondée par Husserl au début du XXe siècle – et ses successeurs tels Heidegger, Sartre, Merleau-Ponty, Ricoeur –, Charles Joussellin va jusqu’à soutenir une thèse de philosophe intitulée « Se plaindre de douleur : qu’est-ce qui se montre lors de cette rencontre tendue, intersubjective ? »
S’appuyant sur sa pratique soignante, associée à l’utilisation de l’hypnose et à un regard phénoménologique, Charles Joussellin a publié de nombreux articles et ouvrages, dont certains avec ma « complicité » : « La douleur incarnée » (revue « Corps & Psychisme », 2021, n° 78, pp. 41-50) et « Apaiser la douleur. Un chemin vers le patient » (Odile Jacob, 2024).
Charles Joussellin insiste sur deux aspects majeurs de la prise en charge des patients douloureux notamment chroniques :
• L’indispensable reconnaissance mutuelle et réciproque dès les premiers moments de la rencontre.
• L’utilisation de la métaphore en hypnose pour permettre une recherche de sens liée à cette expérience qui altère la personne douloureuse ; mais une métaphore vive, vivante. C’est-à-dire celle proposée spontanément par le patient lui-même lors de ses efforts de narration pour rendre compte de son vécu ; et particulièrement si cette métaphore surprend autant le patient que le praticien : c’est-à-dire une métaphore impertinente.
https://www.hypnose-medicale.fr/Douleur-Chronique-un-message-adresse-Revue-Hypnose-et-Therapies-Breves-75_a110.html
Dr Jean-Marc Benhaiem
Médecin-hypnothérapeute, ancien praticien en centres de traitement de la douleur à l’hôpital Cochin et hôpital Ambroise-Paré (Hauts-de-Seine). Dirige le diplôme universitaire d’Hypnose médicale à Paris VI (Pitié-Salpêtrière) et a publié plusieurs livres autour de la pratique de l’hypnose en médecine : L’Hypnose ou les portes de la guérison (Odile Jacob, 2012), Une nouvelle voie pour guérir (Odile Jacob, 2023), L’Art de l’hypnose avec François Roustang (Odile Jacob, 2024).
Pr Gérard Ostermann
Professeur de thérapeutique, médecine interne, psychothérapeute. Administrateur de la Société française d’alcoologie, responsable du diplôme d’université de Pathologie de l’oralité, Bordeaux 2.
N°75 : Nov. / Déc. 2024 / Janv. 2025
Les interactions pour favoriser un changement.
Julien Betbèze, rédacteur en chef, nous présente ce n°75 :
Si l’hypnose ericksonienne est une hypnose relationnelle, cela implique que le lieu d’habitation du corps soit la relation. Ainsi, lorsque la relation est vivante, le sujet vit une expérience corporelle où spontanément il accueille ses ressentis sensoriels, est en capacité de prendre des initiatives. En ce sens, le travail sur les interactions est primordial pour favoriser un changement.
. Guillaume Delannoy, dans un article très pédagogique, nous montre à partir de quatre situations cliniques – douleur psychosomatique, jalousie entre sœurs, obésité morbide, angoisse de mort et tics nerveux – comment la modification des interactions permet l’activation des processus de réassociation. L’auteur, avec la participation de Vania Torres-Lacaze, souligne l’importance du travail de co-thérapie pour rendre possible le changement.
. Delphine Le Gris nous raconte l’histoire de Sophie dont la vie est parcourue de relations insécures et qui cherche une solution à son problème d’insomnie. Elle nous décrit une séance d’hypnose avec un coffre-fort fermé à clé qui va lui permettre d’y enfermer ses ruminations et de retrouver un sentiment de protection.
. L’importance de l’humour est au centre du texte de Solen Chezalviel, dont la créativité ouvre une petite lumière dans un monde empli de noirceur.
. David Vergriete, avec sa grande expérience de prise en charge des addictions, évoque, à travers le cas de Guillaume souffrant d’alcoolisme chronique, l’importance de la qualité relationnelle et la nécessité d’interroger la question du sens et de la trajectoire existentielle.
. Introduction Espace Douleur Douceur.
. Dans l’espace ''Douleur Douceur'', Fabrice Lakdja et Gérard Ostermann nous parlent de la remédiation antalgique. Le retraitement de la douleur vise à réattribuer la douleur à des voies cérébrales réversibles et non dangereuses et à considérer la douleur comme une fausse alarme et non comme la signature de lésions tissulaires.
. Maryne Durieupeyroux nous emmène à la rencontre de Pablo, jeune homme pris en charge en soins palliatifs pour des métastases multiples. Elle utilise le ''gant magique'' et évalue les réactions du patient au fur et à mesure de son travail.
. Charles Joussellin et Gérard Ostermann : Accueillir, écouter et favoriser un effort de narration doivent être au centre de nos prises en charge. La question du sens, de l’anthropologie, sont indispensables à nos métiers de thérapeutes.
. A partir d’un atelier avec Roxanna Erickson-Klein, Evelyne Josse montre l’importance des métaphores pour focaliser l’attention du patient et remettre la vie des sujets en mouvement. Roxanna utilise la métaphore de l’embarquement à bord d’un train pendant qu’Evelyne se laisse bercer par les mots et, dans cet état de transe, développe sa créativité. Les métaphores nous incitent ainsi à reconsidérer, réélaborer et réévaluer nos expériences en ouvrant de nouvelles possibilités pour redevenir auteurs de nos vies.
. Jean-Marc Benhaiem nous décrit la manière dont il comprend la logique de l’intervention en hypnose. Il nous parle des trois modes d’être : mental, sensoriel et confusionnel. Le déséquilibre entre ces modes s’installe au sein des relations dysfonctionnelles, lorsque le sujet, pour se défendre, privilégie un mode au détriment des deux autres. A travers plusieurs situations cliniques, il fait le lien entre l’excès du mental et le contrôle excessif. Pour le thérapeute, il s’agit d’aider le patient à passer de la rigidité à la fluidité, en retrouvant un corps présent.
Les rubriques :
. Sophie Cohen : Christelle et la trichotillomanie en question
. Adrian Chaboche : La présence
. Stefano Colombo et Muhuc : Voyage
. Psychotrauma, PTR, EMDR
. Sylvie Le Pelletier-Beaufond : Le souffle de la guérison au Népal
. Livres en bouche
. Résumé
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